Une société de journalistes (SDJ) ou société de rédacteurs (SDR) est une association de journalistes constituée au sein d’une rédaction. Son objectif : veiller au respect de l’indépendance éditoriale du journal où travaillent ses membres, notamment face aux pressions éventuelles des actionnaires, éditeurs ou propriétaires, ainsi qu’au respect de la déontologie journalistique.
Elle peut participer à la rédaction d’une charte spécifique s’appliquant à sa rédaction ou au groupe auquel celle-ci appartient (voir Loi Bloche de 2016). Dans certains cas, comme au Monde ou aux Échos, les SDJ ou SDR disposent d’un droit d’agrément, d’approbation, de véto ou de révocation sur la nomination de la direction de la rédaction. Certaines possèdent aussi une part du capital de la société d’édition.
Les SDJ peuvent avoir des statuts juridiques variés : associations loi 1901, sociétés civiles à capital variable, sociétés en nom collectif. Les membres du bureau d’une SDJ sont élus par leurs pairs et assument ces fonctions à titre bénévole. A l’inverse des représentants du personnel, ils ne bénéficient pas d’« heures de délégation » spécifiques, ni d’aucun statut les protégeant d’éventuelles mesures de rétorsion ou pressions exercées par la direction ou l’actionnaire. Ils sont pourtant en première ligne pour porter les doléances de la rédaction. C’est pourquoi l’une des mesures défendues par Article 34 vise à doter les SDJ d’une protection réelle.
L’apparition des SDJ en France remonte à la Libération, et nombre d’entre elles ont vu le jour dans les années 50 et 60. Aucune loi n’impose la création d’une SDJ, quel que soit le média. Leur existence relève de la seule initiative des membres d’une rédaction. Comme le rappelait le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration dans les médias en France, remis en 2022, les pratiques varient en Europe. Ainsi, au Portugal, la création des SDJ est une obligation légale lorsque la rédaction compte au moins cinq journalistes. En Italie et aux Pays-Bas, cette obligation découle d’une convention collective nationale applicable à la presse. Dans trois pays, les SDJ n’existent pas : en Angleterre, en Suède et en Suisse.