Que sont les États généraux de l’information ?

Les États généraux de l’information, ou EGI, sont une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Prévus en novembre 2022, ils ont finalement été lancés le 3 octobre 2023 dans un contexte très difficile pour le secteur de l’information et des médias : grève historique au JDD, perquisition et garde à vue de la journaliste du média d’investigation DiscloseAriane Lavrilleux, convocation de journalistes de Libération par la police judiciaire…
L’objectif affiché : « Poser les bases d’un modèle d’espace médiatique et numérique pour les générations à venir, en associant les professionnels, les chercheurs et les citoyens », selon le site internet consacré à l’initiative. « Ce ne sera pas le grand soir législatif », avait cependant prévenu l’ex-ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak.

Groupes de travail et consultations

Un rapport rassemblant des propositions est attendu le 26 juin 2024. Pour élaborer ces dernières, cinq groupes de travail ont été créés sur différentes thématiques :
Espace informationnel et innovation technologique 
Citoyenneté, information et démocratie
Avenir des médias et du journalisme
Souveraineté et lutte contre les ingérences étrangères
L’État et la régulation.
Pendant plusieurs mois, ces cinq groupes ont recueilli des dizaines de contributions émanant de professionnels du secteur, de représentants syndicaux, de chercheurs mais aussi de citoyens, notamment via une consultation en ligne organisée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese), dont les résultats sont en ligne sur le site des EGI.

En mars-avril, des synthèses* de ces travaux de groupe ont été remises au Comité de pilotage indépendant, que préside Bruno Patino et dont Christophe Deloire est le délégué général. Composé de cinq membres, ce comité a fixé une dizaine de priorités de travail, parmi lesquelles la protection du droit au secret des sources ou la garantie de l’indépendance de l’information. Le rôle des plateformes numériques est également au cœur des discussions, tout comme l’intelligence artificielle et l’éducation aux médias. La prix Nobel de la Paix 2021, Maria Ressa, journaliste philippine et co-fondatrice du média Rappler, est associée aux travaux du comité de pilotage.
De janvier à fin mars, le comité de pilotage a organisé des auditionsdisponibles sur le site internet des EGI. On y retrouve par exemple Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom ou encore Benoît Coeuré, président de l’Autorité de la concurrence. Mais aussi des parlementaires, des partenaires sociaux ou encore des acteurs du secteur des nouvelles technologies.

Côté citoyen, des journées délibératives ont réuni une centaine de personnes en janvier et février, tirées au sort parmi les participants à la consultation en ligne organisée par le Cese ; un tour de France avec des rencontres dans les régions ; enfin un grand temps d’échange destiné aux professionnels était prévu en avril. Les EGI se sont également associé à plusieurs évènements comme les Assises du journalisme, du 25 au 29 mars 2024, rendez-vous annuel de la profession à Tours.
Dans le cadre des EGI, l’Institut national de l’audiovisuel (INA) a en parallèle lancé un travail prospectif sur les scénarios possibles pour l’information en 2050. Les différentes hypothèses apparaîtront dans le rapport final.

Opacité et contre-initiative  

Le format des EGI, à la finalité encore floue, ne fait pas l’unanimité. Notamment chez les journalistes. Son fonctionnement a ainsi été qualifié « d’opaque » par quatre organisations syndicales des journalistes (SNJ-CGT-CFDT Journalistes, SGJ-FO). Dans un communiqué commun, publié dès le 3 octobre, elles appelaient à « urgemment changer de méthode » et déploraient de ne pas être associées davantage, alors qu’elles sont « en entreprise, au quotidien (…) en première ligne des combats pour l’information ».
En février, quatre mois après le lancement de cette initiative, Le Figaro se faisait l’écho des inquiétudes au sein des médias. Notamment du fait de l’absence de réflexion sur les questions économiques, alors que plus de soixante contributions avaient déjà été apportées par des organisations professionnelles, s’ajoutant aux 90.000 autres dans le cadre de la consultation citoyenne organisée avec le Cese.

Afin d’alimenter la réflexion, sous l’impulsion du Fonds pour une Presse libre, plus de cent médias et organisations, parmi lesquelles Article 34, ont organisé à l’automne des États généraux de la presse indépendante. A l’issue de plusieurs semaines d’échanges et de discussions, 59 propositions pour « libérer l’information » et renforcer « le droit de savoir des citoyennes et citoyens » ont été formulées. Plusieurs événements se sont tenus dans différentes régions pour en débattre et faire connaître ces propositions auprès du grand public.

* Mise à jour : lire ici la synthèse du groupe « Avenir des médias et du journalisme », rendue le 4 avril 2024.